Hostens : le feu continue de consumer le lignite en sous sol un an et demi après les incendies de l'été 2022
Publié : 30 novembre 2023 à 11h08 par Élodie Quesnel
Franck Uteau, ingénieur environnement au Département de Gironde surveille la combustion de linite
Crédit : Elodie Quesnel
Un an et demi après les incendies géants en Gironde, à la forêt d'Hostens, le feu continue de consumer le lignite en sous sol et de se propager. Le département de Gironde responsable des lieux surveille de près le phénomène et va tenter dans les prochains mois de le stopper.
Comme une odeur de carburant flotte dans l’air sur le site naturel sensible d’Hostens dans le sud Gironde. Depuis les incendies de l’été 2022, le feu n’a jamais vraiment cessé de se propager. Alors pas de traces d’incendie à la surface. Tout se passe dans les sous sols de cette ancienne mine de lignite, combustible du même type que le charbon. L’incendie géant sur le sud Gironde, qui a atteint le lac d’Hostens à l'été 2022, a eu pour effet de mettre le feu au gisement en sous sol de l’ancienne exploitation de lignite. Et depuis difficile d’y mettre fin.
Des températures au sol proches des 500 degrés
La mine fermée dans les années 60, regorge d’importantes ressources de lignite dont le feu se nourri pour se propager dans les sous sol. Inaccessible au public depuis les incendies de l’été 2022, le site qui s’étend sur 700 hectares est surveillé de très près par le service environnement du département de Gironde. C’est Franck Uteau, ingénieur environnement au département, qui est en charge une fois par semaine de faire des relevés de températures à l’aide de son drone et de ses jumelles thermiques. La surveillance avait été très active avant l’été dernier, en collaboration avec le SDIS 33 pour éviter de nouveaux départs de feu sur la saison estivale et revivre le traumatisme de 2022.
Cet automne elle restait encore une priorité au vu des températures encore élevées des sols. Les relevés montrent que sur la trentaine de points chauds encore actifs, le thermometre s’emballe avec des valeurs pouvant atteindre jusqu’à 500 degrés. "On peut aussi relever des températures ne dépassant pas les 20 degrés. Comme on ne sait pas ce qu’il se passe en dessous, on surveille aussi ces endroits car ce n’est pas parce que la température est moins élevée qu’ailleurs que ce n’est pas dangereux ", explique Franck Uteau.
Et les trombes d’eau qui sont tombées ces dernières semaines n’ont pas permis de stopper ce phénomène. La remontée des nappes phréatiques n’a eu aucun effet sur certains foyers. Au contraire, les pluies importantes ont pour conséquences de fragiliser les sols. " Ça s’ajoute à la combustion du lignite qui va créer des sortes de poches d’air et entrainer l’effondrement des sols."
De nouvelles études cette fois dans le sous sol
Si même les précipitations tombées ces dernières semaines n'ont pas permis de stopper le phénomène, le département de Gironde ne baisse pas les bras pour autant. "Il y a très peu d'études sur le lignite", explique Pascal Got, vice-présidente chargée de la protection de l'environnement, des espaces naturels sensibles et la gestion de risques. "La façon dont se comporte le lignite reste un mystère. C'est pour ça que nous allons signer une convention avec le Bureau de recherche géologiques et minières (BRGM) pour, dès le début de l'année 2024, s'attaquer à l'étude en sous sol. Les experts vont faire passer du courant électrique pour faire une cartographie des tunnels de lignite. On pourra voir ce qui a été consumé et ce qui reste intact. On procédera ensuite à des carottages pour stopper la propagation des incendies."
L'idée est de mettre fin à ces incendies sous-terrain d'ici l'été prochain pour permettre la réintroduction de végétation. En effet une fois la zone sécurisée, le département de la gironde pour établir ses deux réserves biologiques à ciel ouvert dans le but de re-naturer les espaces impactés par les incendies de l'été 2022.
Franck Uteau utilise des jumelles thermiques pour mesurer les températures au sol
Crédit : Elodie Quesnel
Des fumées sortent encore des sols de la forêt d'Hostens
Crédit : Elodie Quesnel